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La thérapie ICV: l'intégration de cycles de vie

Il existe différents niveaux de formation pour les thérapeutes ICV, j'ai suivi le cycle complet de formation, jusqu'au niveau 4.

 

Qu'est-ce que l'ICV ?

 

L’intégration du cycle de la vie ou ICV (ou encore Lifespan integration en anglais) est une approche thérapeutique créée aux États-Unis en 2002 par Peggy Pace. C'est une thérapie psycho-corporelle (les ressentis corps/émotions guident le thérapeute et le patient vers les sources du mal-être) qui repose sur la capacité du système "corps-esprit" de se guérir lui-même.

"L'ICV se base sur un constat initial : la remémoration d'un traumatisme (ou d'un souvenir douloureux) active des sensations dans le corps, comme si ce dernier était resté bloqué au moment de l'événement douloureux sans pouvoir s'en libérer, alors que la partie rationnelle du cerveau sait pourtant que tout cela est terminé.

Cela s'explique par le fait qu'un traumatisme peut saturer nos sens et entraîner un échec de l'intégration des informations en mémoire à long terme.

Le but de la thérapie ICV est donc de permettre au cerveau d'assimiler ces informations et d'apaiser le corps en lui faisant prendre conscience qu'il n'est plus dans la situation traumatisante. La répétition et la visualisation de souvenirs chronologiques depuis le traumatisme jusqu'à aujourd'hui permet au patient de dépasser l'événement traumatique en montrant à son système corps-esprit qu'il a effectivement survécu.

L'ICV va permettre ainsi une libération car « L'ICV permet un lâcher-prise au moi-adulte du patient qui est fixé sur le passé, fixation qui ne lui autorise pas une harmonie mentale satisfaisante et lui fait conjuguer le présent sur le mode du passé conservé, fragilisant ainsi sa cohésion interne ».

A propos des traumatismes : nous sommes quasiment tous concernés

Traumatismes, micro-traumatismes, évènements perturbants, non compris, peut-être seulement intégrés dans la mémoire émotionnelle, prêts à ressurgir du passé dans votre vie quotidienne par des comportements "agités" et impulsifs. Pour l'enfant et l'adolescent, les cycles de vies ou tranches de vies mal vécues, perturbantes ou traumatisantes intégreront souvent une intervention parentale (ou de proches) néfastes. En voici une liste non exhaustive :

- de la violence physique ou verbale

- absences répétées des proches, manque d'attention, de considération, de partages, de liens affectifs

- rejet, humiliation, rapports de domination

- anxiété, peur, tristesse, nervosité des parents ou des proches

 

Image de Markus Spiske

L'ICV, pour qui ? pour quoi ?

La thérapie ICV peut vous apporter, par exemple :

  • Une meilleure régulation des affects (stabilité émotionnelle)

  • Une modification d'une habitude comportementale précoce

  • La réparation d'un traumatisme ou de souvenirs douloureux

  • Le renforcement de la base de sécurité interne

  • L'amélioration de l'estime de soi (et la manière dont vous êtes attaché à vous-même)

  • La réparation des ruptures de l'attachement et de blessures affectives précoces

L'iCV est particulièrement adapté pour :

  • Les traumatismes, négligences, carences affectives pendant l'enfance

  • Les troubles de l'attachement (par exemple peur de l'abandon, jalousie, isolement ou auto-exclusion)

  • La dépression ou la tendance dépressive

  • Les troubles anxieux (par exemple la confiance en soi, le trop d'anticipation, le besoin de contrôle, la croyance d'incapacité)

 

"Les patients qui ont suivi une thérapie I.C.V  rapportent souvent :

  • Guérir des effets de traumatismes (un rapport au souvenir plus neutre et compréhensif de l'épreuve)

  •  Expérimenter un nouveau sentiment d'un MOI compétent, aimable, solide (comprenant ses sensibilités et ses limites)

  • La capacité de laisser tomber des stratégies de défense archaïque.

  • L'amélioration  des aptitudes à profiter de la vie et à établir des relations intimes, à se connecter plus facilement aux autres.

  •  Une meilleure régulation des émotions (auto-analyse)

  •  Un développement de la palette des émotions (se permettre)

Vue sur le pont d'Avigon

Comment fonctionne l'ICV ?

Lorsqu’un événement trop difficile ne peut être « digéré », il n’est pas vécu comme passé lorsque l’on se le remémore.

 

Exemple typique : une personne ayant eu une grosse frayeur lors d’un accident de voiture, se met à avoir des palpitations, tremblements, à chaque fois qu’elle remonte dans une voiture, même des années après l’accident. Elle a beau savoir que l’accident est loin derrière elle, son corps réagit comme s’il ne le savait pas.

 

L’ICV est une approche qui facilite un soulagement  tant sur le plan psychologique que physiologique, en aidant le patient à sentir que le temps a passé et qu’il a survécu, en relançant l’intégration neuronale et la capacité innée du corps et du psychisme à continuer à se développer, fabriquer de nouvelles ressources tout au long de sa vie et croire en ses capacités d'adaptation et de résilience.

Plasticité neuronale tout au long de la vie (Swartz et Begley, 2002). La neuroplasticité est favorisée par l'attention et l'implication émotionnelle..

 

Le thérapeute crée les conditions d'attention, d'accordage, d'implication entre le moi-adulte de son patient, présent pendant la thérapie et ses différents moi-enfants, moi-adolescents ou moi-adultes plus jeunes ayant vécus des évènements perturbants nécessitant une meilleure intégration (au-delà juste des émotions négatives vécues. C'est à dire comprendre comment ces évènements ont influencé notre développement, notre personnalité, notre appréciation de nous-mêmes (l'égo), des croyances limitantes ou dévalorisantes, etc...

Le cerveau ne fait pas la différence entre une expérience réelle et une expérience imaginaire (Pascual-Leone, 1995)

J'ai déjà pu l'expérimenter à de nombreuses reprises en tant qu'hypnothérapeute et pas forcement en état d'hypnotique avancé. Je considère pour certains protocoles de l'ICV que le thérapeute utilise des techniques et des habiletés très proches de l'hypnose conversationnelle.

Dès lors qu'un lien de confiance, un accordage suffisant s'est mis en place entre le thérapeute et son patient, des accompagnements bienveillants (à l'aide de précautions et de protocoles stricts et en accord avec la liberté et la volonté du patient) vers les scènes du passé problématiques peuvent se réaliser dans l'imaginaire du patient. tout en conservant la présence et la conscience du moi-adulte et actuel du patient en séance.

 

Le thérapeute organise alors un dialogue, des échanges, des réparations, entre le moi-adulte du patient et son moi plus jeune encore en souffrance dans le passé. Ces protocoles de réparations sont très puissants et permettent aussi au patient de vérifier rapidement l'efficacité de l'ICV au-delà de la conviction de votre thérapeute ;-)

Les bourgeons de printemps

Comment se déroule une thérapie ICV ?

" Première rencontre : le plus important est de faire votre connaissance, d'identifier vos principales difficultés et connaître vos souhaits de changements et d'améliorations. Cette première étape permet de recueillir des informations sur votre histoire, vos difficultés actuelles, votre situation de vie.  C'est aussi l'occasion de pouvoir recevoir des réponses à toutes vos questions. 

 

C'est à partir de ces informations que nous planifierons ensemble le protocole de traitement. Il existe des protocoles différents selon les besoins de chacun mais ils ont tous un  point commun : l'utilisation d'une liste de souvenirs organisés selon une ligne de temps.

 

Préparation d'une ligne de vie (ou ligne du temps)

Au début d'une thérapie ICV la  première tache thérapeutique est de construire une liste de souvenirs en partant du début de vie, ou de l'événement traumatique selon le cas, jusqu'à  aujourd’hui. C'est souvent l'occasion de comprendre que le passé continue à affecter sa vie et ses décisions dans le présent.

Il n'est pas toujours facile d'obtenir une suite fluide de souvenirs lors de cette étape, la liste peut présenter des "trous de mémoire" ponctuels ou étalés sur plusieurs années. Au fur et à mesure de l’avancée de la thérapie chacun ira vers une association de plus en plus libre et sereine de souvenirs plus riches.

Dans l'idéal la liste devrait inclure au moins un souvenir par année mais le fait d'en avoir deux ou trois permettra de varier la lecture de la liste.

Les événements significatifs tels que les mariages, divorces, décès et naissances seront notés. Tout souvenir, même paraissant a priori moins important, pourra être noté à partir du moment ou il s'agit d'un événement dont vous vous souvenez réellement. Il suffit juste de noter quelques mots évocateurs du souvenir : le nom d'une école, le nom d'une maison ou d'un ami, les vacances dans le sud, les débuts dans telle entreprise.... Ces premiers souvenirs vont stimuler l'émergence d'autres souvenirs qui vont peu à peu enrichir la ligne de vie qui sera lue pour atteindre les objectifs thérapeutiques visés.

Exemple d'un des protocoles : la lecture répétée de la ligne de vie

Le thérapeute lit ensuite plusieurs fois la liste de souvenirs, c'est la phase de l'intégration neuronale du cycle de vie. Durant la lecture,  le  patient est concentré sur ses sensations corporelles et sur les images de ses souvenirs travers le temps. Après chaque passage de la lecture de la Ligne du Temps chaque événement est de plus en plus ressenti comme appartenant au passé. Chaque répétition des souvenirs de la ligne du temps renforce  le sens du soi à travers le temps et permet de réintégrer les souvenirs traumatiques dans le récit autobiographique. Vous ressentirez que ces épisodes sont derrière vous et ne perturbent plus l'état présent.

L'Intégration du Cycle de la Vie peut être aussi très efficace pour traiter différents troubles de l'attachement. Il s'agit alors de revivre de façon imaginaire ses relations précoces, en travaillant avec l'enfant que l'on a été.

Réevaluation

Le début des séances suivantes permet de prendre le temps de vérifier les résultats obtenus et recueillir les nouveaux éléments qui ont émergés. Dans le cas d'un traumatisme nous vérifions que les crises d'angoisse et autres manifestations douloureuses pour le patient sont désamorcées.

Pour les problèmes liés à l'attachement, le processus est différent : les patients soufrant de ces carences vont au cours des séances apprendre à prendre soin d'eux, à se redonner de l'attention et de la tendresse et trouver un chemin de vie apaisé."

Image de Jukan Tateisi

Les thérapeutes aiment l'ICV et les patients le ressentent et sont plus impliqués et actifs, pourquoi ?

Les bénéfices de la thérapie ICV pour... les thérapeutes (ces propos n'engagent que moi !) :

- Tout thérapeute ou personne impliquée quotidiennement dans la relation d'aide devrait avoir suivi lui-même une thérapie, une analyse ou psychanalyse (par exemple pour connaître aussi ses propres problématiques, les origines des mécanismes de transferts (attirances) et contre-transferts  (rejets) qu'il éprouve envers son patient)

 

- Nombre de thérapeutes ayant déjà réalisés pour eux-mêmes des thérapies et analyses, dès lors qu'ils ont pratiqué ensuite sur eux l'approche ICV, ont découvert ou apprécié de "ramasser", faire remonter, de nouvelles compréhensions de souffrances anciennes enfouies et encore mal intégrées. Bien entendu, cela nous impressionne et nous convainc de l'efficacité de l'ICV. Comme le disait Boris Cyrulnik, il existe une relation forte de travail et de guérison entre son patient et le thérapeute, dès lors que ce dernier est convaincu de ses capacités à améliorer l'état du patient, une "illusion" positive se créée alors entre les deux (l'un croit en ses compétences et le patient accepte de croire en des possibilités d'améliorations grâce aux connaissances que le thérapeute a pour le faire : ceci est l’illusion de départ évoquée par Cyrulnik),. Le patient ressent cette croyance de crédibilité et lui accorde des efforts et son engagement dans la thérapie.

- Le thérapeute peut facilement expliquer le fonctionnement de la thérapie ICV, les processus à l’œuvre, le bon sens des découvertes des neurosciences et des théories de l'attachement. C'est rarement le cas pour les autres thérapies dont le fonctionnement est plus obscur, moins direct. Par expérience, certains patients s'impliquent beaucoup plus dès lors que l'on leur explique la logique des fonctionnements émotionnels, par exemple.

- Le thérapeute ICV apprécie les "protocoles" de la thérapie, s'ils sont parfois contraignants dans le début de ses pratiques, ils sont le résultat de dizaines de milliers d'entretiens de ses confrères et donc éprouvés, efficaces et surtout bienveillants pour respecter les limites du patient. Cette approche thérapeutique nourrit ainsi directement et indirectement le thérapeute dans son cadre éthique et déontologique.

- En tant que thérapeute, dès lors que vous avez goûté à la réparation d'un traumatisme grave parfois en une seule séance ou plusieurs, vous en êtes accro ;-) Le thérapeute est évidemment sensible à ses résultats professionnels ; Il se doit aussi de veiller à ne pas se prendre pour un "sauveur" même si vous entendez parfois : "Vous m'avez sauvé !". Il vaudrait mieux immédiatement rappeler à la personne comment elle a participé et réussit elle-même sa réparation, sa guérison.

- Une séance ICV est dynamique, participante, instituant une véritable alliance de travail. La richesse et la variété des approches et protocoles nourrissent les séances. Les patients apprécient cette approche humaniste, vivante où chacun participe activement. Ainsi le thérapeute ne voit pas passer le temps lors de ses séances et c'est tant mieux pour ses patients : il s'use moins à la tâche et propose ainsi le meilleur de lui-même à chaque séance. Imaginez ce qu'un thérapeute éprouve lors du déferlement quotidien des souffrances de ses patients, l'ICV lui offre aussi un cadre d'intégration des souffrances que je ne détaillerais pas ici et que le thérapeute apprend lors de sa formation et de ses supervisions.

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